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Vie associative

En route vers 2024 : le Cloud Girofle fait son assemblée générale

Le 15 octobre 2023, nous étions une dizaine de personnes réunies pour l’assemblée générale du Cloud Girofle. Merci à toutes les personnes qui étaient présentes, aux membres CHATONS et proches-CHATONS 🙏. Voilà ce qu’on s’est dit et quelques orientations pour l’année à venir 🐈.

Nous étions accueillis au Fuz, dans l’AERI. Merci à elleux !

Un des enjeux de l’AG 2023 était d’élargir et de diversifier un peu la communauté des personnes qui contribuent à l’asso et de décider des orientations à venir pour 2024. En effet, les personnes sensibilisées à la tech sont un peu sur-représentées. Mais voilà un résumé des décisions en quelques mots :

  • Le renouvellement de la direction collégiale
  • Se concentrer sur la stabilisation des services pour les six prochains mois
  • Avancer vers des services plus écologiques
  • Co-construire une campagne de communication autour des emails hors Google.

L’AG comportait également une partie statutaire, l’occasion de valider le bilan moral et financier de l’association (ci-dessous)

Retour sur l’année écoulée

  • Lors des permanences, on n’était pas très nombreux⋅es, mais c’est le seul point/moment de rendez-vous de l’asso. On se dit qu’on les garde pour le moment, même si ce n’est pas encore parfait comme modèle.
  • On a choisi d’évoquer le travail de maintenance, quotidien, parce que c’est ce qui nous prend le plus de temps : s’assurer que ça fonctionne comme avant. Du coup c’est pas très gratifiant. En particulier on a eu pas mal de souci cette année sur les Nextcloud. Ça va ça vient c’est fait de tout petits rien.
  • On a passé par mal de temps à prendre des nouvelles des utilisateur⋅ices
  • On a accueilli le camp CHATONS, spécial merci à Margaux pour son implication.
  • On propose des wikis, basés sur Bookstack
  • On a migré nos sauvegardes chez un autre chaton, Retzo, avec des backups plus écologiques. On sait faire un backup. On a réfléchi à un PRA. Une question dans la salle demande si allumer-éteindre un disque dur HDD ne réduit pas dramatiquement sa durée de vie. Les « évidences sont inconclusives ».

Direction pour les six prochains mois

On décide de se consacrer principalement à la consolidation de l’existant : résoudre des bugs, etc. On ajourne donc la plupart des points de l’ODJ qui consistaient à développer de nouvelles fonctionnalités.

Discussion sur l’impact écologique du numérique

D’une part, l’asso souhaite avancer sur l’aspect écologique (consommer moins de ressource, réutiliser le materiel au max). Avancer vers une sobriété informatique. Ainsi, les machines du Cloud Girofle sont des anciennes machines d’OVH (reconditionnées par sa filiale Kimsufi). Par exemple, une des machines les plus puissantes de l’asso (chif.fr, qui héberge OnlyOffice), tourne sur un processeur Opteron 4122 (sorti en 2010). La machine qui a hébergé tous nos Nextcloud jusqu’à l’an dernier (et qui héberge le site web, le wiki, le monitoring) sur un Atom N2800 sorti en 2011. L’aspect reconditionné est vraiment très important pour nous.

Pour le dernier serveur loué (qui héberge les mails), OVH a fourni un document (dont on ignore la valeur), mais qui estime le bilan carbone sur le cycle de vie du serveur à 22kg-eqCO2/mois. On sait pas trop à quoi ça correspond mais ça donne des ordre de grandeur. Est-ce qu’on sait combien de CO2 émettent nos services ? Pas vraiment. On rappelle qu’a priori les terminaux consomment 80% des ressources, 10% réseau, 10% serveurs.

En même temps, il va y avoir de plus en plus en plus utilisateurs chez le Cloud Girofle. Comment faire ? De plus, Nextcloud est un outil qui demande beaucoup de ressources. Il a fallu beaucoup d’optimisations pour avoir ~80 utilisateur⋅ices simultanés sur une machine, et ça reste précaire.

D’un texte de positionnement

On évoque un premier texte de positionnement, voire peut-être un manifeste sur ce que pourrait être un numérique écologique du point de vue d’un hébergeur. Suite au camp CHATONS 2022, on avait fait un premier jet du texte, mais voilà ça n’avait pas abouti. L’heure est peut-être d’avancer pour le finaliser… Ça pourrait être un travail inter-chatons.

Il y avait de grands mots dans ce texte comme acter la fin de l’obsolescence programmée, l’informatique à base d’ordinateurs trouvés dans une poubelle, etc. On note bien que ça concerne surtout les terminaux utilisateurs, mais que ça n’empêche pas de mener une réflexion sur les serveurs.

On décide de déterrer ce texte. Ou du moins de réfléchir à nous positionner/agir en fonction.

De l’idée de mieux connaître les utilisateur⋅ices et leurs besoins

Il est compliqué de conjuguer sobriété et accessibilité/usabilité en général. De manière générale, on remarque qu’on ne sait pas vraiment ce qu’utilisent les collectifs. Il faudrait mieux comprendre ce qu’iels utilisent. 

On part du constat qu’on confond souvent service et besoin. Souvent dur de comprendre les besoins, les usages, etc.

Souvent, on propose un outil, et l’outil induit une certaine forme d’usage. On se dit qu’on interroge assez peu la vision technique inclue dans les logiciels. Par exemple, les gens de cryptpad proposent 100 Mo, très très peu de données (alors que c’est des fonctionnalités similaires à Nextcloud, où les gens ont tendance à stocker des gigazédégigas).

On développe l’idée d’interroger les utilisateur⋅ices pour mieux connaître leurs usages et leurs besoins, ça pourrait prendre la forme de la prise de nouvelles bi-annuelle.

Se former et se former à réfléchir à nos besoins

Deux Fleurs a commencé un jeu de cartes (physique) pour réfléchir à nos besoins, notamment anticiper les aspects négatifs du numérique, parler de greenwashing dans toutes ses subtilités.

La questions se pose comment bien animer cet outil. Idéalement c’est pour un public non technique.

Des membres du Cloud Girofle aimeraient découvrir l’outil. On s’organise pour organiser une session (ouiui).

Interroger le rapport au datacenter

La discussion prend un air plus théorique mais tout autant passionnant. Une personne joue le trouble-fête dans le doux consensus qui émergeait : « mais les datacenters ça mutualise des ressources. » Par exemple Amazon a créé AWS pour mutualiser des serveurs qui n’étaient utilisés que pour le pic de Noël en gros. Gros avantage de partager les ressources. Touché.

Plusieurs membres pointent qu’il y a des enjeux et des choses à redire sur l’impact spatial et énergétique des datacenters (rapport de l’ADEME, auquel Fanny Lopez a contribué, également détaillé dans À bout de Flux de la même autrice), sur la militarisation (au même titre que la militarisation des centrales nucléaires, on est en droit de se demander si c’est le monde dans lequel on a envie de vivre), au point que même une partie de l’industrie « trouve ça bizarre de devoir passer six portes blindées pour stocker des photos de chats ».

Plus proche des questions énergétiques, on note aussi que le datacenter encourage et favorise la redondance, il fait croire que « ça marche toujours, tout le temps ».

On se demande également dans quelle mesure les gains de mutualisation sont compensés/dépassés par le renouvellement rapide du matériel, annoncé parfois pour « réduire la consommation énergétique ». De manière générale, on se pose clairement la question de l’effet rebond dans ce contexte.

La discussion se poursuit avec les effets sociaux des datacenters, et leur origine notamment pour séparer les ingénieurs des machines, et de briser leur capacité à interrompre le service. Un membre pose la question des outils/méthodes qu’on souhaite mettre en place pour la grève. On cite un article, les datacenters enfoncent le cloud, qui évoquent les enjeux politiques et environnementaux d’internet.

Aujourd’hui le Cloud Girofle est essentiellement dans des datacenters (mais pas avec une offre cloud, sans redondance particulière outre ce qui vient avec l’offre datacenter), mais aussi un peu auto-hébergé (backups, machine de test). Une personne de DeuxFleurs rappelle que sortir des datacenters est une des origines de l’asso (ils ont donc à la fois un point de vue situé et un recul/une pertinence sur le sujet).

On se dit qu’on a envie d’approfondir la question, et de prendre le temps de voir comment ça peut infuser dans nos pratiques.

Alimenter une base de connaissances sur les impacts du numérique

Des membres de l’asso accumulent des dizaines de références ainsi qu’un regard critique sur celles-ci (en AG Max a dit des centaines mais il a exagéré largement). On se dit qu’on aimerait bien en faire quelque chose : un article, une base de connaissances, etc.

Ça apporte des pistes pour nourrir le débat ci-dessus sur les datacenters, réfléchir à l’impact environnemental (analyse de cycle de vie notamment) du matériel qu’on utilise (que ça soit les serveurs ou les terminaux utilisateurs, etc), nous outiller, que ça soit avec des chiffres ou des réflexions. Bref, penser le numérique.

Ça tombe plutôt bien car DeuxFleurs a déjà une petite médiathèque en ligne ainsi qu’une collection sur Zotero.

On décide de contribuer à la base de connaissances de DeuxFleurs, pour l’enrichir/voir les parallèles qui peuvent être faits.

Mais que faire au Cloud Girofle ?

Après avoir bien discuté en théorie, on s’est rappelé que le Cloud Girofle commence à toucher les limites d’un de ses hébergements (sur le serveur mutu2, on a des soucis d’usage CPU et RAM et disque, bref, on touche à peu près toutes les limites à la fois). Le coupable ? C’est Nextcloud, avec ses dizaines de processus PHP-FPM qui consomment 500 MB chacun, son code brontosauresque et ses gazillions de fonctionnalités.

On soumet donc une hypothèse : peut-être qu’un client léger (webdav) solliciterait moins le serveur. En vrai on n’en est pas certains, mais on se dit qu’on pourrait tester. Notamment car ça permettrait de proposer deux « portes d’entrée » aux utilisateur⋅ices : une via Nextcloud et une via un client en ligne webdav. Les fichiers auxquels on pourrait accéder seraient les mêmes et tout le monde serait content.

Ça tombe bien car il existe plusieurs clients WebDAV-js, tous développés par des copains :

  • Karadav (by Bohwaz) : qui implémente aussi le protocole WOPI (permet de se connecter à OnlyOffice)
  • Web Drive (by CLUB1) : « Le Drive CLUB1 est un explorateur de fichiers utilisable à travers un navigateur Web. Il permet d’accéder à son espace personnel sans avoir besoin d’installer ou de configurer une application native. Il est donc très utile lorsque l’on n’est pas sur son ordinateur personnel. »

On décide de tester ces solutions pour voir si on peut gagner en performance

Quelques ressources citées au cours de l’échange

  • Karadav (by Bohwaz) : qui implémente aussi le protocole WOPI (permet de se connecter à OnlyOffice)
  • Web Drive (by CLUB1) : « Le Drive CLUB1 est un explorateur de fichiers utilisable à travers un navigateur Web. Il permet d’accéder à son espace personnel sans avoir besoin d’installer ou de configurer une application native. Il est donc très utile lorsque l’on n’est pas sur son ordinateur personnel. »
  • Bagage (by DeuxFleurs) : « Bagage is the bridge between our users and garage, it enables them to synchronize files that matter for them from their computer to garage through WebDAV », ici :
  • Devenez technocritique (by DeuxFleurs) : « Se sentir légitime à prendre la parole sur des sujets techniques ; ouvrir à des arguments de l’ordre du besoin, des usages, de l’expérience ; introduire à des auteur·ices de la critique des techniques (de Ivan Illich à Fanny Lopez) ; aborder le sujet d’un point de vue structurel, collectif, politique et non individuel. »

Campagne de communication sur l’hébergement des emails

Aujourd’hui, plein de chatons et non chatons proposent de nombreuses alternatives à beaucoup de services fournis par les GAFAM (Google en particulier). Mais régulièrement (souvent pour le cas du Cloud Girofle), les personnes conservent leur adresse gmail (ou autre GAFAM), qui leur sert de porte d’entrée. Ça nous pose un souci à plein de points de vue. De plus, lorsqu’on quitte Gmail, il peut facilement y avoir un effet domino, où les outils Google ne sont plus tellement attractifs, et on peut extraire les utilisateur⋅ices d’autres services GAFAM en cascade (même si on peut avoir un compte Google sans utiliser Gmail).

Ça tombe bien, car il y a plein d’acteur⋅ices qui commencent à proposer des services de mail, que ça soit chez les chatons ou les non-chatons. On pense qu’il faut lancer une campagne de communication autour de la migration de mail vers des hébergeurs plus « propres ». On a un contact qui fait de la com et qui est intéressé par le sujet.

Les utilisateurices individuel.le.s ne sont pas forcément la cible du Cloud Girofle (car on s’adresse plutôt aux collectifs), mais il y a l’idée/l’intérêt de faire un truc un peu coordonné avec d’autres CHATONS.

Quelques questions sur l’organisation :

  • Il faut aussi pouvoir lister nos capacités à accueillir, en termes de volume. Qq milliers ? Dizaines de milliers ? Il ne faut pas qu’on propose aux personnes de migrer, sans êtres en mesure de proposer une alternative viable (surtout en terme de volume, qui peut aller vite).
  • Pouvoir réponde à « chez qui je vais » ?
  • Une étape préliminaire pourrait être de lister quelques alternatives, et d’expliquer leurs différences.
  • Ça vaudrait le coup de lancer des réflexions sur l’UX.

Quid de la temporalité ? on pourrait commencer avec quelques CHATONS motivés d’ici la fin de l’année, identifier les ressources que l’on pourrait impliquer, et publier les premiers messages ~Septembre 2024 (juste une idée pour l’instant, on est pas des communicants).

Décision que Max s’occupe de lancer une dynamique pour savoir combien on est.

Budget prévisionnel

Le budget prévisionnel retrace la trajectoire qu’on s’est donnée pour l’asso.

Dépenses

TrucMontantRemarque
Location de serveurs, etc2500Ajout de mutu3
Achat de matériel (serveurs)2000 
Communication/impressions300 
Campagne de communication5000Cofinancement chatons
Salaires40002 mois temps plein
Banque & co100 
Soutien aux logiciels300020%
TOTAL16900€ 

Recettes

TrucMontantRemarque
Cotisation des membres7000 
Prestation de service7500 
Don400 
(trésorerie)2000 
TOTAL16900€ 

On discute des différentes lignes :

  • Location et achat de serveur: On a un serveur plein. On va devoir louer un serveur supplémentaire. On serait content d’avoir des VPS chez d’autres fournisseurs qu’OVH/Kimsufi, mais pour l’instant ça ne se fait pas.
  • Achat de matériel: achat d’une machine pour stocker les données de replica Garage (allumé 1 fois par jours). On se demande en même temps si les disques rotatifs meurent plus vite si on les allume/on les éteint tous les jours – à creuser, se documenter à ce sujet.
  • Comm/impression: Flyers
  • Campagne de comm: lié au sujet de la campagne de communication ci-dessus.
  • Salaires: on se garde la possibilité d’embaucher une personne pour ~1 jour par semaine sur une période longue.
  • Soutien : on essaie de rétribuer les devs des logiciels libre développés par des « non-profit ».

Le Cloud Girofle s’est proposé de prendre en charge les avances financières du Camp CHATONS 2024. On restera aussi transparent que possible. On aimerait une responsabilité partagée sur les pertes éventuelles.